La thalassothermie utilisée sur nos côtes pour alimenter des bâtiments
La thalassothermie consiste à utiliser de la puissance calorifique de la mer qui va venir alimenter une pompe à chaleur et convertir cette énergie pour répondre aux besoins en chaud et froid des bâtiments ou de piscines proche du littoral. Cette innovation permet de faire des économies d’énergie. En effet, pour 1KWh électrique utilisé, 4KWh d’énergie thermique est produit. Ces économies d’énergie entraînent une réduction des émissions de gaz à effet de serre (jusqu’à 80% comparé au fioul).
Les pays nordiques ont été parmi les premiers à utiliser cette méthode pour chauffer et refroidir les bâtiments. Depuis, d’autres territoires tels que la principauté de Monaco ont investi dans cette technologie. De 1963 à aujourd’hui, Monaco a installé 80 boucles thalassothermiques sur son territoire qui contribuent à 17% de l’énergie totale. De plus, des études ont été menées dans le cadre du projet Optima-PAC en 2015 et ont permis de constater que cette technologie n’avait aucun impact négatif sur les milieux marins (source : Principauté de Monaco).
Avec environ 6000 km de côtes en France métropolitaine, le potentiel d’utilisation de l’eau de mer comme source d’énergie locale est important. Malgré des débuts timides, la thalassothermie séduit de plus en plus de collectivités et d’établissements.
Voici quelques exemples de sites utilisant la thalassothermie :
- À Biarritz, le Casino municipale et l’Espace Bellevue sont climatisés à l’eau de mer et les calories marines sont utilisées pour chauffer l’établissement et l’eau sanitaire de la piscine municipale.
- À Sète, le centre aquatique est chauffé par thalassothermie.
- Un système de production de chaleur et de froid par eau de mer existe également à Leucate pour une écloserie de naissains d’huîtres. (Société Atlantique de Mariculture)
- À Dieppe, l’office du tourisme et un centre de voile produisent également de la chaleur grâce à l’eau de mer. Environ 300m² sont chauffés grâce à une PAC (10kW) sur eau de mer.
- En Corse, à Ajaccio, le musée Fesch est doté d’une pompe à chaleur et d’échangeurs pour climatiser le bâtiment grâce à l’eau de mer et réduire les coûts énergétiques.
- Egalement en Corse, des pompes à chaleur sur eau de mer ont été installées pour 9 villas (Bâtiments basse consommation) du village vacances U Livanti à Propriano.
- À Dunkerque, 2 pompes à chaleur sur eau de mer fonctionnent depuis 2014 pour climatiser et chauffer le complexe tertiaire de la Halle aux sucres.
- Les besoin de l’aquarium de La Rochelle en chaud et en froid sont comblés par un captage en eau de mer dans le port.
- À Lorient, la Cité de la Voile Tabarly reconverti en base sous-marine produit de la chaleur et du froid grâce à une PAC eau de mer pour réduire leurs consommations énergétiques. Prochainement, un complexe de thalassothérapie va être construit à Larmor-Plage et l’utilisation de la thalassothermie est envisagée.
- Du côté de Marseille, le musée du MuCem est climatisé et chauffé grâce à l’eau de mer aussi.
Un projet de thalassothermie est aussi en cours à Cannes pour climatiser et chauffer le Palais des festivals ainsi qu’à Fécamp pour son futur établissement de thalassothérapie.
La thalassothermie est un système innovant qui séduit de plus en plus. Son développement se fait aussi à la Seyne-sur-Mer, Marseille, Cherbourg, Brest, Monaco ou encore Barcelone. Le port de pêche de Boulogne-sur-Mer l’envisage également.
Pour satisfaire leurs besoins croissants en énergie, les îles sont contraintes à de couteuses importations en hydrocarbure. L’utilisation de la thalassothermie permettrait de répondre aux besoins énergétiques (chauffage + climatisation) en utilisant une ressource locale et abondante sur ces territoires : l’eau de mer. La thalassothermie est utilisée dans les DROM-COM ainsi que des systèmes SWAC (Tahiti, Réunion…) et est envisagée sur beaucoup d’îles pour faire des économies d’énergie mais également parce que ces territoires sont propices à cette innovation. Cette technologie aide à limiter la dépendance énergétique de certaines régions du monde et peut aussi leur permettre d’avoir accès à l’eau potable.
Un des freins principaux au développement de la thalassothermie est le coût d’investissement et de maintenance des prises d’eau de mer. En effet, les crépines sous-marines nécessitent des travaux sous-marins très coûteux et les risques de colmatage exigent un entretien régulier à faire réaliser par un plongeur. De plus, les filtres à sable sont couteux et volumineux.
Le système Enerplage® permet de s’affranchir de ces contraintes en fournissant une eau de mer naturellement filtrée par le sable de la plage. Grâce à son système de drains présents sous la plage, le captage d’eau de mer ne nécessite ni entretien de crépine, ni de filtres à sable supplémentaires pour alimenter un échangeur et des PAC. La position des drains sous la nappe permet un apport continu d’eau de mer même à marée basse. Le système Enerplage® lève les derniers freins du développement de la thalassothermie.
En 2013, ECOPLAGE a installé à titre expérimental un système Enerplage® pour faire de la thalassothermie à Saint-Gilles-Croix-de-Vie pour chauffer l’eau des douches de la plage. Cette expérimentation a pu montrer l’efficacité du système. Depuis, ECOPLAGE a installés les systèmes suivants :
- Sur la plage de Saint-Jean-de-Luz pour alimenter en eau de mer les bassins (180m³/h) et pour climatiser le centre de thalassothérapie Thalazur.
- Sur la plage de la Baule-Escoublac pour alimenter et climatiser le centre aquatique Aquabaule (900m³ d’eau par heure) et alimenter en eau et climatiser la thalasso Rivage (80m³/jour).
Bien que majoritairement utilisée pour répondre aux besoins de bâtiments, la thalassothermie peut également être envisagée pour des quartiers entiers pour maximiser son rendement.